De Figeac à Condom - avril 2018

Après un exaltant Le Puy- Figeac en octobre 2013, je n'avais pas ressenti l'envie de continuer le chemin. Elle m'est venue fin 2017, et la décision a été prise de repartir en avril 2018.
257 km au total, en 12 jours de marche, plus un jour à Moissac pour visiter la ville. 

P 20180413 170702 vhdr onVendredi 13 avril 2018 - de Figeac à Ussac (26 km)

Il ne fait pas très chaud au démarrage, mais il fait beau. Après avoir acheté le traditionnel casse-croûte, je traverse le pont qui enjambe le Célé, et c'est parti. Par une bonne côte, pour memettre en jambes. Il y en aura d'autres. Toutes les journées seront belles, les paysages traversés seront magnifiques, comme les villages et les maisons. Le village de Faycelles est de ceux-là. 
J'arrive en milieu d'après-midi à Ussac, hameau totalement isolé comprenant trois fermes, dont une encore en activité, celle de mon gîte du soir (photo de droite). Nous sommes huit pour cette première nuit, et je partage la chambre avec deux femmes. L'une avait prévenue, elle ronfle. Aie! cela va se vérifier, et si le ronflement ne me réveille pas, il empêche avec certitude de se rendormir quand on a le malheur, et c'est mon cas, de se réveiller la nuit. Je ne verrai plus souvent mes deux compagnes d'une nuit (!), par contre je retrouverai régulièrement les cinq autres, Mario et son épouse, un français vivant à Londres, et deux jeunes nanas, que j'ai cru longtemps filles des ainés, mais qui n'étaient que rencontrées sur le chemin.

Samedi 14 avril - d'Ussac à Limogne (24 km)

P 20180414 112233 vhdr onDénivelé 600m.
Dans les causses quercynoises, ce sont des pierres qui poussent. Et quand on les soigne, ça fait des murets à perte de vue, et des caselles, et des belles batisses intemporelles (ci-contre). Quels paysages !
La première ville traversée est Cajarc, au bord de son étang. Cette petite cité endormie en cette saison et à cette heure a du charme; et il fait bon se promener dans son centre historique. Si Cajarc a été rendu célèbre par Coluche et Moulineaux le quincailler, Georges Pompidou aimait à s'y resourcer, tandis que Françoise Sagan y est née.
Les paysages traversés sont beaux, c'est la sévérité des causses, une maigre végétation et des pierres, encore des pierres.
Limogne est un village endormi, comme tous, mon gite est sur la place, le gîte de l'Horlogerie. Je serai seul et tranquille dans une chambre à deux lits, et j'irai dîner sagement au "Rince cochon", d'un repas local et léger: potage, belle salade de gésiers, magret à l'orange accompagné de courgettes et pommes de terre, tarte aux myrtilles, le tout accompagné d'un petit pichet de côteaux du Quercy. La nuit fut bonne.  

Dimanche 15 avril - de Limogne à Mas de Vers (22 km)
P 20180415 162627 vhdr onCe matin, je ressens quelques courbatures et ai les pieds sensibles. Quelques exercices d'assouplissement, d'étirement, et massage des pieds avec du beaume Saint-Bernard. Et c'est parti. Il ne faut jamais dire "bêtes comme ses pieds" ! Surtout à un randonneur, on dit aussi pèlerins par ici, car petit mal de pied peut devenir grand, et le bonheur devenir enfer.
La rando itinérante, c'est un mode de vie. Réveil à 7h15, petit déjeuner à 7h30, départ à 8h15/8h30 pour 7 à 9 heures de marche, pique-nique frugal le midi, dîner léger le soir (voir repas de la veille). Puis au lit à 21h, lecture jusqu'à 22h, avant de se soumettre à Morphée qui nous assaille depuis déjà une bonne trentaine de minutes. Et pareil le lendemain, le magret pouvant devenir confit, par exemple. Deux semaines comme ça, et on perd 3 à 4 kg. Mais attention, ça ne marche pas si on fait le magret sans la marche !
Je déjeune très frugalement (pain et saucisson achetés sur le marché à Limogne) sur un banc face à l'église de Bach (prononcer Bache), où je serai rejoint par Jean-Pierre et son épouse. Jean-Pierre est ancien directeur export d'une filiale Renault à Annecy, son épouse, un peu revêche au début, est une ancienne prof. Elle est allée à St Jacques il y a dix ans. Cette année, elle tire un charriot au lieu du traditionnel sac à dos. Elle a parfois du mal, dans les fortes côtes empierrées, l'exercice est délicat.
On se retrouve plus d'une vingtaine au beau gîte du Mas de Vers, ancienne ferme reconvertie par un couple qui a fait de l'accueil des pèlerins randonneurs son activité professionnelle. Activité sans doute très lucrative pour ce couple, car le gîte est idéalement situé sur le chemin.
C'est là que je fais la connaissance des messins Mario et son épouse, des cousins bretons, des deux franciliennes de Louveciennes, dont je partagerai la chambre, de jeunes filles, et d'autres. 

Lundi 16 avril - de Mas de Vers à Cahors (19 km)

P 20180416 170949 vhdr onLes 19 km jusqu'à Cahors ont été réalisés en même pas 4 heures. Il faudra que je me calme demain si je veux aller jusqu'à Condom. Mais ça m'a donné le temps de visiter Cahors, et sa belle et étrange cathédrale, comme son centre historique et le célébrissime pont Valentré, médiéval revisité par Viollet-le-Duc. J'ai sacrifié le soir au rite de la bénédiction du pèlerin à la cathédrale, ce que je n'avais pas fait au départ du Puy en 2013. Ca m'a confirmé que je n'étais toujours qu'un infâme pêcheur, coupable et indigne, tout juste bon à implorer pitié à Marie ! Je me suis consolé par un dîner gastronomique à l'Auberge du Vieux Cahors, et réconcilié avec la religion en buvant un excellent Prieuré de Cénac !
Cahors réserve aux pèlerins une petite surprise, un accueil juste après le pont Louis-Philippe avec boisson chaude ou fraîche et biscuits. Sympa, non? Allez, je me suis payé un peu de bon temps dans cette très jolie cité, un hôtel confortable pour une chambre seul, et un dîner presque gastronomique à la ravissante Auberge du Vieux Cahors. Après tout, pèlerinage ne rime pas avec ascétisme.

Mardi 17 avril - de Cahors à Lascabanes (23 km)

La côte au sortir de Conques alimente le souvenir de la première partie de la via Podensis, celle quittant Cahors, juste après le pont Valentré est du même ordre, en moins long. Le P 20180417 090617 vhdr ontemps s'améliore de jour en jour, la chaleur arrive, et à la fin de la montée, il a beau être 9h du matin, on se retrouve mouillé comme si on s'était rhabillé après la douche sans s'être essuyé. Mais la vue sur le pont Valentré et la ville de Cahors en vaut la chandelle, à consommer avec modération pour ceux qui sont sensibles au vertige.
Quelques bonnes côtes ce jour, il faut bien justifier les 500 mètres de dénivelé, et un agréable gîte à 1,6 km du village de Lascabannes. Nous serons 8 au gîte, dont un couple d'isérois, que je retrouverai sporadiquement, et un ami ou parent à eux, travaillant à Londres. Et aussi Aude et Vanina, deux femmes dans la quarantaine, sympathiques et décontractées. Vanina est prof d'arts plastiques à St Etienne, décontractée, écolo, sportive, libérée, célibataire et mère d'une petite fille de 8 ans confiée pour l'occasion à ses grands-parents. Aude est du coin, elle reprend avec son frère l'entreprise créée par ses parents de fabrication de jus de fruits de qualité (domaine Laffitte à Mirabel). Je marcherai de temps à autre avec tous, nous retrouverons au hasard des pique-niques ou des haltes du soir, c'est l'attrait de marcher sur le chemin de Compostelle.
Le gîte était un très joli ensemble de trois maisons restaurées, tenu par un hôte très aimable et disponible, qui a mangé avec nous, ce qui, il faut le dire, est exceptionnel. Potage aux lentilles, poulet au miel, créme caramel, vin à volonté. Une belle soirée.
Un détail: pas de télé et pas de réseau. Heureusement que j'avais un livre !

P 20180418 113035 bfMercredi 18 avril - de Lascabanes à Lauzerte (25 km)

Une des attractions du jour a été Montcuq, rendu célèbre par un sketche de Daniel Prévost. Pour voir Montcuq, il faut quelque peu s'éloigner du droit chemin, qu'on appelle ici GR65, et s'enfoncer dans les étroites ruelles de la ville. 
A Moncuq, je me suis payé un beau chapeau, ci-contre, pour me protéger du soleil. 13€ le chapeau de paille, pas d'autre chose, il m'aura quand même servi, même si je l'ai perdu l'avant-dernier jour. 
La vieille cité de Lauzerte est magnifique, perchée sur son piton, occasion d'une fin de rando en fanfare, grosse côte et grosse chaleur. Très bon gîte encore une fois, le Figuier, tenu par une personnalité très accueillante, présente tout au long du repas, et prenant plaisir à discuter avec ses "clients", nombreux ce soir-là, comme tous les soirs. Le dîner était succulent et copieux, muscat, potage, salade, poulet au miel et gratin dauphinois, fromages, desserts, vin rosé et rouge à volonté.

Le temps s'est délibérément mis au beau, et il fait désormais carrément chaud.

Jeudi 19 avril - de Lauzerte à Moissac (29 km)

Les 30 km ont été avalés sans difficultés, plus on marche, plus on est en forme. Quelques bonnes suées quand même dans les parties très pentues, et il y en a eu, mais le vent a P 20180418 171830 vhdr onrendu très agréables les parties plates.
Moissac est une jolie ville, et son abbatiale est spectaculaire. Repos demain pour un tourisme tranquille, et aussi passer un bon moment avec ma soeur et mon beau-frère.
Reprise de la marche samedi, 23 km.
J'ai offert un pot d'adieu en fin de rando à Aude, Vanina, Mario et son épouse, puisque ma pause à Moissac signifiait que je ne les reverrai plus. Les deux premières s'arrêtaient le lendemain à Auvillar, Mario et sa femme visent Santiago. Nous avons été quatre à boire le jus de chasselas produit par l'entreprise d'Aude, et vendu dans ce bon restaurant de Moissac, qui m'accueillera pour deux dîners.

Samedi 21 avril - de Moissac à Auvillar (20 km)

 

Tranquille 8ème étape, avec 15 km le long du canal des deux mers, puis après Pommevic, 5 km assez ennuyeux, sur route. La destination est par contre fort jolie. Auvilar est une P 20180421 190751 vhdr onbelle cité, remarquable par sa halle aux grains de carte postale, sa place à arcades, sa tour de l'horloge et son église romane et gothique à la fois. Comme on aura monté un peu pour y arriver (ça aura été la seule petite difficulté de la journée), un beau panorama sur la plaine de la Garonne s'offre aux curieux.
Sur le canal, je n'ai pas vu un seul bateau en mouvement. Est-il encore pratiqué? Les maisons des éclusiers, fort plaisantes, ont les volets clos, étant certainement inoccupées. Cela semble être le cas dans de nombreuses régions, et certaines se mobilisent pour leur redonner vie, en lançant des appels à projets. C'est une bonne idée, ces canaux bordés par des chemins de hâlage sont des lieux propices à des activités de loisirs, vélo, bateau, canoé, ou simplement restauration.
J'ai dormi ici dans une chambre d'hôte confortable dans une maison moderne. Agés de 75 ans, les propriétaires s'apprêtent à rejoindre en vélo la Bretagne, en quinze étapes. Bien vieillir par l'exercice !

Dimanche 22 avril - d'Auvillar à Castet-Arrouy
Le Gers commence 10 km au sud d'Auvillar. C'est alors un paysage de douces collines, avec un petit plan d'eau dans le creux, des couleurs chatoyantes, quelques cyprès, et même des maisons aux toits à quatre pans, qui ne sont pas sans rappeler la Toscane. Les villages sont toujours aussi beaux. Voyez St Antoine, Flamorans, Mirandoux, des petites merveilles.
CP 20180422 191210 vhdr onastet-Arrouy est un minuscule village. Mon hôte est un ancien gendarme, aimable, mais l'accueil sera minimaliste. Ne fournissant pas le repas, et le seul restaurant du village étant fermé, je me contenterai d'une pizza achetée au pizzaiolo du camion place de l'église. Je l'ai mangée dans le jardin de la maison, mais ni lui ni elle, à peine croisée, n'auront la gentillesse de me proposer une assiette ou une fourchette, et encore moins un verre de vin. L'argent est manifestement la seule motivation de ce couple, et ma chambre en est le révélateur. Elle a été confortable pour moi, parce que j'y étais seul, mais quand les quatre lits sont occupés, ce doit être une autre histoire, surtout en été, sous les toits !

Il a fait encore chaud, très chaud même dans les quelques fortes pentes du jour. Le chemin, c'est magique tous les jours, il offre des merveilles à qui sait prendre le temps de regarder. Voilà ce qu'on devrait proposer aux jeunes, et moins jeunes, qui errent désoeuvrés dans une France dont ils ne fréquentent qu'une infime partie. Certes la France des campagnes et des villages se meurt, comme partout le monde rural. Les villages ont plus de maisons aux volets fermés qu'ouverts, les maisons à vendre sont pléthore, les commerces sont rares, queques uns se maintiennent grâce aux pèlerins randonneurs, qui apportent aussi un appoint de revenu non négligeable aux paysans les plus débrouillards.
C'est une France qui meurt qu'on parcourt, mais c'est notre passé et notre histoire qu'on traverse.
C'est une expérience unique, inoubliable, enrichissante, qui permet de regarder notre monde avec le recul que nous avons de moins en moins.

Lundi 23 avril - de Castet-Arrouy à Lectoure (10 km)

P 20180423 125517 vhdr onIl était dit que Lectoure était une belle cité, étape "inoubliable" d'après Miam-Miam Dodo. Je voulais donc une étape courte, pour avoir le temps de la visite. Avec une erreur de casting, l'étape ne fut longue que de 10 km, et c'est à midi que j'arrivai à Lectoure. Que dire ? Oui, c'est joli, mais une fois qu'on a vu la cathédrale, l'ancienne halle aux grains (ci-contre), la rue principale (qui s'appelle Nationale) et deux trois rues autour, on a vu Lectoure ! Si bien qu'a 14h, j'avais déjeuné, pris une douche et vu la ville. Alors comme il y a là un petit centre thermal, je me suis offert le pack Compostelle, comprenant baignoire à remous, massage des pieds aux huiles essentielles, piscine, hammam, jacousy. Trois heures très douces, au calme dans un centre très peu fréquenté, au moins ce jour-là, et qui ont eu le mérite de me creuser l'appétit pour le soir.
Un très sympathique petit resto le soir, et ce fut encore une belle journée, un peu atypique sur le Compostelle, mais le voyage, c'est ça aussi.

Mardi 24 avril - de Lectoure à La Romieu (19 km)

Voilà un tout petit village magnifique, dominé par une immense collégiale. Elle a été construite par Arnaud d'Aux, un cadet du coin, qui a eu la bonne fortune de voir son cousin devenir pape. Cela a évidemment propulsé sa carrière, il est devenu évêque, puis cardinal et camériste de son cher cousin pape Clément V (à Avignon), etc ... Attaché à son village, il a gagné assez de sous pour y faire construire cette immense collégiale (ci-contre), à laquelle il a eu le bon goût d'adjoindre un cloître et un palais pour y abriter ses vieux os. La rP 20180424 140701 vhdr onévolution a sonné la mort du palais, qui a servi de carrière, mais l'église, avec ses deux tours, et le cloître sont restés, quoiqu'abîmés. Ils sont quand même classés au Patrimoine de l'Unesco.
La morale éternelle de cette histoire est qu'il est bien utile d'avoir des relations (comme le chante Charles Trénet), et que la morale des patrons de l'église est aussi immorale que celle des humains ordinaires, "faites ce que je dis, pas ce que je fais".
Quand je vous disais plus haut que les voyages forment la jeunesse!
Le gîte était un ancien couvent, acquis et restauré il y a huit ans par un couple venu de Paris (dont l'épouse est originaire du village). Très jolie restauration et gîte agréable, en chambres ou en dortoir. Pas de repas par contre, et diner à l'excellent restaurant Le Cardinal.

Mercredi 25 avril - de La Romieu à Condom (14 km)

Et voilà, fin de la 2ème partie de mon Compostelle par la via Podensis. Après Le Puy-Figeac en 2013, Figeac-Condom en 2017, bientôt Condom-St Jean-Pied-de-Port. Car la marche appelle la marche, et quand c'est fini, comme maintenant, on se sent tout ballot.
L'étape de ce matin était courte, 14 km, mais très vallonnée dans un doux paysage qui n'est pas sans faire penser, comme dit plus haut, à la Toscane. Pour ceux qui connaissent évidemment, ce qui n'est pas mon cas.
Condom possède une imposante cathédrale bâtie au 16ème siècle, de jolies maisons aussi, de beaux commerces d'épicerie fine et d'Armagnac. Ben oui! on est dans le Gers. Ça reste quand même un peu tristounet !
Retour demain, car, train, et train, puis train de banlieue et marche à pied. De quoi déjà donner le regret du Camino.

P 20180425 095950 vhdr on

 

Epilogue

P 20180426 105928 bfPourquoi marche-t-on sur le chemin de Compostelle?
Certains, pas les plus nombreux, entreprennent une démarche religieuse, sur les traces des pèlerins d'antan qui allaient prier Jacques le Majeur, apôtre qui avait christianisé l'Espagne, était reparti en Palestine où il est mort, et dont le corps a été ramené en Espagne sur une barque.
Bernard est proche de cette démarche, quand, il y a quelques années, il a fait le chemin, 1800 km, deux mois de marche quotidienne, pour son fils frappé d' un cancer du pancréas. Sa maladie s'est stabilisée, il refait le chemin pour que son état se maintienne.
Mais pour les plus nombreux, les motifs sont plus païens, l'amour de la marche, la performance sportive, savourer la beauté de la nature, des villages, se retrouver en face de soi-même pour faire le point de soi et de sa vie, échanger avec les gens nombreux qu'on rencontre sur le chemin.
Il y a un peu de tout à la fois pour le plus grand nombre, dont je suis, marcher sur le Compostelle est une opportunité magique de réflexion sur soi, d'admiration de la diversité et de la richesse des régions traversées, et l'opportunité rencontrée nulle part ailleurs de contacts avec des gens qu'on n'aurait jamais croisés autrement.
Ainsi des copines Aude et Vanina, Vanina l'extravertie, une quarantaine dynamique, libérée, charismatique, prof d'arts plastiques dans un collège de St Etienne, et qui téléphonait chaque soir à sa petite fille de 8 ans confiée pour l'occasion à ses grands-parents, et Aude, qui reprend avec son frère l'affaire familiale de fabrication de jus de fruits de qualité, située à Mirabel, près de Moissac (domaine Laffitte). Chaque année elles marchent cinq jours sur le chemin, en 2018, ce fut de Cahors à Auvillar.
Et Mario et son épouse, jeunes retraités venus de Metz, lui ancien marcheur rapide, elle ne marchant que depuis sa retraite survenue il y a ... un mois. Ils sont partis du Puy, avec pour objectif St Jacques. Quand je les ai quittés à Moissac, ils marchaient depuis presque trois semaines déjà. Ils y arriveront.
Comme ceux qu'on appelle les bretons, parce qu'ils viennent de Nantes. L'un est un ancien militaire, aujourd'hui routier, baroudeur, bon marcheur, il vise St Jacques. Tous les soirs il téléphone à son épouse. Il est accompagné d'un cousin, qui a répondu à un défi à l'occasion d'une soirée familiale arrosée, comme on en connait tous. Ils arriveront.
Et puis Jean-Pierre, ancien chef export d'une filiale de Renault, et son épouse, ancien prof. Celle-ci a déjà fait le chemin dans son entier, beaucoup le font plusieurs fois. Cette année elle tire son bagage sur un charriot, et en "chie" souvent plus que de raison. Ils s'arrêteront à St Jean Pied-de-Port.
Et ces deux sœurs franciliennes, venues de Louveciennes. Elles ont laissé leur mari à la maison, l'ainée, jeune retraitée elle aussi, vise St Jean ou Roncevaux, c'est à dire 800 km.
Et Dominique, jeune retraitée encore, qui travaillait à Montreuil dans une société d'HLM. Elle a quitté Paris aussitôt la retraite sonnée, pour le Morbihan. Elle y est en location, pour être prête à partir dès qu'elle en aura envie. Malgré une sciatique, elle marche, seule, et vise St Jacques, voire plus loin. Elle arrivera.
Et encore ce couple d'isérois, visant aussi St Jacques, et leur copain qui vit depuis quinze ans à Londres, où il travaille dans une Compagnie d'assurance. Lui aura marché de Conques à Cahors.
Et ces trois randonneuses de Senlis, plus toutes jeunes, qui elles aussi visent St Jacques, sac à dos.
Ou cet ancien boucher belge, parti pour St Jacques, avec qui j'ai marché de temps à autre les deux premiers jours, et que je n'ai plus revu. Est-il encore sur le chemin?
Et bien d'autres, qu'on croise et recroise, on se salue, on se dit un mot, on prend un café, et on repart pour des retrouvailles prochaines. Ou pas.
Et il y a aussi tous ces hôtes qui nous reçoivent, pas toujours seulement pour l'argent. Souvent marcheurs et/ou anciens pèlerins, ils ajoutent à l'accueil commercial une empathie réconfortante. Des gens du cru, mais aussi des citadins reconvertis, qui viennent ici pour donner un sens plus fort à leur vie. Tels Jean-Michel et Frédérique, venant de la région parisienne, qui ont restauré cet ancien couvent à La Romieu, pour en faire un gîte-étape très confortable et agréable.
Car marcher entre 20 et 30 km tous les jours, par tous les temps, en portant sa maison sur le dos, ça peut ne pas être tout le temps que du plaisir. Les dénivelés sont parfois importants, les pentes rudes, les chemins caillouteux, glissants, le corps peut faire mal.
Pour moi, ces deux semaines ont été formidables, le beau temps était de la partie, et tant pis si parfois il a bien fait suer, et le corps a répondu présent.
Alors c'est décidé, bientôt Condom - St Jean Pied-de-Port (ou Roncevaux), pour boucler la partie française (800 km).
Ultreia.

 

Le film (45') - version KIZOA (à gauche) ou version YOUTUBE (à droite)

compostelle figeac à condom

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