Suisse normande

Trois randonnées en Suisse normande

Ni la Suisse ni tout à fait la Normandie

Ce n'est pas par ses banques que cette petite partie de la basse-Normandie  s'appelle Suisse, ni par ses sommets qui rappelleraient les Alpes, puisqu'ils ne culminent qu'à 300 mètres. 
La Suisse Normande doit son nom à son relief boisé, animé et modelé par les rivières. Ses profondes vallées aux versants abrupts et les eaux vives des gorges qui la traversent ont dessiné des paysages aussi magnifiques que surprenants. Venant parfaire la toile, de jolis villages pittoresques se sont glissés au fond des vallons ou accrochés aux flancs de colline. L’artiste, ici, c’est le temps qui, depuis 800 millions d’années, a laissé les méandres de l’Orne jouer avec les roches du massif armoricain.
La Suisse normande est un espace géographique réparti sur 5 territoires, à cheval sur 2 départements, Orne et Calvados.

 

Le film (12') (cliquer sur l'image)

au départ de Clécy

au départ de Thury-Harcourt

au départ de Bretteville-sur-Laize

Randonnée à partir de Clécy

11 kilomètres
D+ 400 mètres

Pour la plupart, Clécy est réputée être la capitale de la Suisse normande. Elle en est son centre assurément, et c'est aussi la plus belle bourgade de la région.

Le musée André Hardy, sur le lieu d'un ancien hôtel situé sur la grande place, honore la mémoire d'André Hardy, peintre bas-normand né à Flers en 1887 et mort à Caen en 1986. Instituteur et professeur de dessin, il laisse une oeuvre considérable qui n'était pas destinée à la vente. Il s'est surtout attaché à peindre les paysages bas-normands, qu'il aimait par dessus tout.

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L'histoire
des commerces

 

Quoique n'ayant jamais compté plus de 2000 habitants, la ville comptait jusque dans les années 60 une bonne cinquantaine de commerces.

Une dizaine subsite, mais la mémoire de l'activité passée vit toujours sur les façades anciennes et actuelles des boutiques au travers d'un petit panneau illustré qui rappelle l'histoire du magasin depuis la fin du XIXème siècle.

Garages, merceries, quincailleries ont disparu depuis longtemps, et ces images nous émeuvent par la vie qu'on imagine habiter ces bourgades anciennes, qui laissent rêveur le passant d'aujourd'hui. 

 

Randonnée à partir de Thury-Harcourt

17 kilomètres

D+ 390 mètres

Toutes les villes bas-normandes ont été bombardées, et la dernière guerre a ruiné nombre d'entre elles. Deux villes seulement ont été épargnées, Bayeux et Honfleur. Des fois ce sont les allemands qui ont causé les ravages, d'autres fois, plus nombreuses, les alliés.

A Thury-Harcourt, bourgade située à une trentaine de kilomètres au sud de Caen et qui comptait un millier d'habitants, alliés et allemands ont ruiné la ville, chacun pour leur part.
Les alliés ont commencé en juin 1944, et les bombardements ont détruit 75% de la cité. Le château quant à lui était le lieu de résidence choisi par le commandant de la brigade SS qui s'était illustré dans l'horreur par le massacre de la population d'Oradour-sur-Glane. Sentant la défaite venir, il fuit Thury-Harcourt, mais sans omettre de nous laisser le triste souvenir de son passage en incendiant le château. Il n'en reste aujoud'hui qu'un bout de mur de façade. 

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Le parcours démarre à l'ancienne gare de Thury-Harcourt, lieu de départ aussi de la voie verte. Gérée par une association, l'endroit est aujourd'hui un café et un lieu de vente de produits locaux. Calvados et cidre viennent évidemment en récompense de la randonnée, et non en accompagnement.

On emprunte le GR 36 en franchissant l'Orne, et en route dirction SO par les collines d'Enfer. Douce montée juste pour se mettre en jambes. Après une forte et courte montée, on parvient au sommet du Mont Aigu (201 mètres !) où trône la chapelle St Joseph. Construite en 1871 et reconstruite en 1919, elle a été édifiée par l'abbé Loisel, curé de la paroisse, à l'issue d'une terrible épidémie et en suite à la promesse faite à Saint Joseph.

On quitte le GR 36 juste avant St Martin-de-Sallen pour entrer dans ce village via le GR 221A. Si la construction de l'église remonte au XIIème siècle, il en reste peu de trace derrière les restaurations des XIX et XXèmes siècles.

 

Img 6607Longue et belle marche ensuite à travers bois, Bois de Culey, Bois de la Motte, Bois du Roi, ça monte et ça descend. A la ferme des Trois Maries, on laisse le GR à gauche, pour emprunter la D108, puis un PR sur la droite.

On arrive après quelques kilomètres au Haut de Saint Bénin, quelques maisons, puis à un kilomètre, à la chapelle St Bénin, totalement isolée au milieu de son vieux cimetière.
Ses origines remontent aux XIIè, XIVè et XVIè siècles. Dépendant de l'ancien diocèse de Bayeux, elle fut placée sous le patronnage de l'abbaye de Barbery, devant laquelle je passerai demain. Eglise paroissiale, elle devient chapelle lorsque les communes de St Bénin et de Thury-Harcourt sont réunies en 1858.

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Le parc et jardins du château de Thury-Harcourt étaient considérés autrefois comme l'un des plus beaux domaines de France. Le château a été construit en 1635 par Odette d'Harcourt sur les restes d'un château médiéval. Il est agrandi au XVIIIème siècle. Louis XVI y séjourne lors de son voyage à Cherbourg pour l'inauguration du port militaire.

De l'église romane du XIIème siècle, il ne restait plus que la nef après les bombes alliées. Elle a été restaurée à l'image de ce qu'elle était avant la guerre.

château de Thury-Harcourt

l'Orne

 

St Martin-de-Sallen

chapelle St Joseph

église de Thury-Harcourt

 

Randonnée au départ de Bretteville-sur-Laize

18 kilomètres

D+ 235 mètres

Quilly, lieu de départ, est une ancienne commune aujourd'hui rattachée à Bretteville-sur-Laize. Tout près de l'église dont le clocher est classé monument historique, se trouve le manoir de Quilly (privé), dont des parties du XVIIème siècle sont également classées.

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Départ vers le NO, où les champs de céréales sont ornés de foin en bottes, offrant un joli décor. D'autant que le spectacle était là, proposé par deux jeunes chevreuils qui m'ont offert le plaisir rare d'admirer leurs jeux pendant plusieurs minutes

C'est ensuite la traversée du bois d'Alençon, avant de déboucher sur l'ancienne abbaye ND de Barbery.
L'histoire de cette abbaye cistercienne remonte à 1140 , et l'église abbatiale sera dédicacée en 1247. Elle sera pillée par les calvinistes en 1563, puis en partie reconstruite. Elle était réputée pour être aussi sévère que l'abbaye de la Trappe.
Le 30 décembre 1776, la terre tremble à Caen, faisant s'effondrer les deux tours de l'église. Il ne reste aujourd'hui que les ruines de l'église, et quelques bâtiments privatisés, dont ce qui aurait pu être le logis de l'abbé au XVIIIème siècle.

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L'abbaye est située à la lisière de la plaine, tout près du ruisseau du Val Clair. 

Quelques kilomètres plus loin, à l'orée du Bois de l'Obélisque, le moulin du Roinet, reconverti en maison d'habitation, longe la Laize, affluent de l'Orne long de 32 kilomètres. Je vais la longer pendant quelques kilomètres.

J'aurais dû en principe pouvoir apercevoir le château d'Outrelaize. Il est privé et non ouvert à la visite, mais invisible de son entrée contrairement à ce que j'avais pu lire. S'il est quand même en photos ci-dessous, c'est grâce à mon assistant photographe Google qui n'a pas hésité à transgresser l'interdit de la propriété privée pour que je puisse faire plaisir à mes lecteurs.

 

 

Retour à Bretteville-sur-Laize, dont la traversée n'a rien d'enthousiasmant. On s'est battu là-bas en 1944, beaucoup battu, détruisant la ville à plus de 75%. D'abord des bombardements alliés le 10 juin 1944, tuant 25 habitants. Puis au mois d'août, les divisions SS sont renforcées, les canadiens attaquent, les américains bombardent et détruisent la ville. Le 20 août, Bretteville-sur-Laize est libérée, les habitants survivants reviennent, pour contempler, effarés, leur ville dévastée et leurs maisons en ruines.

 

Une journée de tourisme

Pont d'Ouilly

A quelques kiolmètres au sud de Clécy, Pont d'Ouilly est un agréable village sur les bords de l'Orne. On est en saison, l'activité touristique est bien présente, et les canoés fleurissent.
Depuis les temps anciens, le pont est un des rares passages de l'Orne. Le pont qui datait de 1851 a été la cible de moult bombardements. Les anglais ont tenté en vain de le détruire en juin et luillet 1944, détruisant par contre les villages alentour, et c'est au mois d'août que le mines placées par les allemands explosent sous les bombes anglaises. Le village est libéré peu après, et un pont provisoire métallique sera construit à partir des parties non détruites du pont.

Falaise

Peut-être quelques centaines de mètres ne permettent pas à Falaise d'appartenir à la Suisse normande ?!

La grande gloire de Falaise, c'est son château dont les traces les plus anciennes remontent au Xème siècle. C'est là qu'est né Guillaume le Conquérant, Falaise étant à l'époque la capitale du duché de Normandie.

Si la ville a eu à souffrir des bombardements, il reste de beaux monuments, telle l'église St Gervais, presqu'au pied du château, les château lui-même avec ses fortifications et son donjon, le château de la Fresnaye et d'autres églises.

La roche d'Oëtre

Voilà le site emblématique de la Suisse normande, qui légitime en quelque sorte l'allusion à ce pays montagneux qu'est la Suisse. Si on atteint des hauteurs modestes, le lieu offre un précipice de quelques 118 mètres. Des sentiers sur les corniches, de l'escalade et même une via ferrata attirent un bon nombre de touristes.

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Château Ganne

Château Ganne aurait appartenu au comte de Ganne, père de Ganelon, le vilain petit canard qui causa la mort de Roland à Roncevaux, en trahissant Charlemagne. Dès la guerre finie, les armées de Charlemagne remontent en Normandie et se vengent sur le père, de l'infâmie du fils en détruisant le château. Nul doute qu'il y a là plus de légende que d'histoire.
Il sera reconstruit quelques siècles plus tard, verra plusieurs propriétaires se succéder. Son parc romantique inspirera quelques légendes au XIXème siècle, dont celle ci-dessus. 
Il ne reste plus grand-chose aujourd'hui, sauf les sous-bassements des murs d'enceintes et des différents bâtiments du château. Des fouilles archéologiques sont toujours entreprises.

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